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mercredi 28 août 2013

Maudits Syriens.

D’après les archéologues, la Syrie actuelle abritait l’une des peuplades les plus anciennes du monde antique : les Amorrites. La ville de Damas a été fondée au IIIème millénaire avant Jésus Christ, et a toujours été habitée, voyant d’ailleurs défiler de nombreux occupants au fil des siècles : Cananéens, Phéniciens, Hébreux, etc…en passant par les Grecs, et jusqu’aux Français, qui y ont établi un protectorat de 1920 à 1946, année où ce pays de près de 200 000 km carrés a enfin accédé à l’indépendance. Mais cette indépendance a toujours été difficile, et émaillée de nombreux coup d d’Etat : trois, rien qu’en 1949, le retour du pouvoir civil en 1954, suivi de la constitution avec l’Egypte de la République arabe unie, elle-même interrompue par un nouveau coup d’Etat en 1961, qui ne sera pas le dernier. La première période de stabilité politique s’ouvre en 1970, avec l’arrivée au pouvoir de Hafez el ASSAD. Celui-ci, soutenu par l’armée et diverses minorités religieuses se maintiendra au pouvoir sans trop de heurts, car il imposera au pays et à ses 20 millions d’habitants un régime dur, autoritaire, policier, et musellera toute velléité de démocratie, de liberté. Lorsqu’il meurt en 2000, et que son fils Bachar el ASSAD, ophtalmologue de 35 ans formé en partie au Royaume-Uni, époux d’une anglo-syrienne ayant travaillé dans de grandes banques, lui succède, le peuple syrien vit le « printemps de Damas ». Las, cette période de redécouverte de libertés publiques jusque là bafouées s’interrompt dès février 2001. Depuis cette date, le peuple syrien, jour après jour, souffre de plus en plus de la répression, du manque de libertés, comme s’il était maudit et que jamais il ne pouvait accéder à une vie de citoyen libre. Faut-il pour autant intervenir, sachant par ailleurs que l’opposition est multiforme et a de grandes chances de ne pas réussir à se mettre d’accord si d’aventure le régime actuel tombait. Et le peuple syrien sortirait d’un chaos pour, certainement, tomber dans d’autres ornières, à l’instar de ce qui se passe en Egypte et en Tunisie. Mais si dans l’appartement voisin du nôtre le père de famille bat et torture femme et enfants, a-t-on le droit de se contenter de se boucher les oreilles pour ne rien entendre et les yeux pour ne rien voir ? Non. Il faut agir pour faire cesser ces souffrances. Il faut tout faire pour que Bachar el Assad s’en aille. Il n’a pas souhaité quitter son palais de son plein gré, il va falloir l’en déloger. Tant pis si les Russes ne sont pas d’accord, leur conception de la démocratie ressemble trop à celle du despote syrien. Toute intervention, quelle qu’elle soit, ne résoudra pas tous les problèmes, la situation des Syriens sera encore difficile et chaotique pendant des printemps, mais elle sera certainement moins dramatique qu’actuellement. C’est une question de dignité humaine et d’humanité.

mardi 13 août 2013

La France souffre-t-elle d’islamophobie ?

Un jeune militaire a été arrêté, soupçonné d’avoir voulu tirer sur une mosquée de Vénissieux, ou sur les personnes qui se seraient trouvées devant le bâtiment. Par ailleurs, divers organismes auraient constaté une augmentation de 35 à 40 % des actes contre des musulmans ou des symboles de l’islam au 1er semestre 2013 par rapport à la même période de l’an passé.
Le constat semble donc sans appel : l’islamophobie serait en augmentation.
En fait, si l’on observe les manifestations identiques à l’encontre des juifs, des Roumains, voire même des homosexuels, on aboutit à des conclusions similaires.

Ce qui se passe, dans notre pays confronté autant à une crise économique qu’à une crise des valeurs, on peut voir que les comportements des uns et des autres sont exacerbés.

Ces manifestations sont dues à l’intolérance : on ne cherche pas à comprendre celui qu’on ne connait pas mais qu’on voit différent de nous. Et qui, de son côté, à l’inverse du Français moyen qui reste dans une certaine discrétion, accroît les manifestations ostentatoires : port du voile ou de la kippa, manifestations bruyantes lors de la rupture du jeûne ou lors de cérémonies de mariages où sont brandis des drapeaux de pays étrangers dans des cortèges qui, parfois, vont jusqu’à semer la pagaille sur des boulevards périphériques et mettre en danger la vie des autres usagers de ces artères.

Parallèlement circulent sur la toile, et sont transférés d’une messagerie à l’autre des informations souvent fantaisistes, toujours invérifiables, sur des abus de notre système social, commis par des personnes que l’on assimile à des parasites…

Le climat qui régnait dans l’Allemagne des années trente transparaît largement dans toutes ces manifestations. Les extrémistes de tout poil se croient investis d’une tâche libératrice et vont jusqu’à imaginer, voire mettre en pratique des actes qu’on aurait crus relégués dans les oubliettes de l’Histoire.

Il est de la responsabilité des dirigeants, que ce soit de l’Etat ou des diverses religions ou communautés, de rétablir de toute urgence le dialogue. Il appartient à chacun de ne pas regarder l’autre de travers, mais de discuter avec lui, de partager avec lui.

La situation économique est difficile, mais elle l’est autant pour le chômeur creusois catholique que pour le beur de Vénissieux ou le juif de la rue des Rosiers.

Admettre les différences, oui. Les exacerber, non.