Le pape Benoît XVI, arguant de son âge avancé et ne se sentant plus capable d’assumer pleinement sa mission, a annoncé qu’il quitterait ses fonctions le 28 février prochain.
C’est là un véritable coup de tonnerre, car un départ volontaire du trône de Saint Pierre est très rare (Grégoire XII en 1415, Célestin V en 1294, qui avait été élu contre sa volonté, et Benoît IX en 1045, car il voulait se marier).
Après Jean Paul II, qui avait été le pape du renouveau, révolutionnaire sous certains aspects, mais qui, malgré sa santé détériorée estimait ne pas pouvoir renoncer à sa tâche, le cardinal Ratzinger apparut comme un pape, sinon rétrograde, du moins engoncé dans la tradition et l’immobilisme.
Il nous montre là, aujourd’hui, un contre exemple.
Cet aveu de faiblesse le rend tout-à-coup beaucoup plus humain et force le respect et la compassion.
C’est certainement plus pour l’institution et pour l’Eglise catholique qu’il a pris cette décision inédite, plutôt que pour lui-même, bien qu’on ait pu, à de multiples reprises, constater que, pour lui, le pontificat était une charge vraiment très lourde.
Cette démission, outre qu’elle va provoquer un conclave d’où émergera un nouveau souverain pontife, touche également à l’essence même de la charge. Le pape, aujourd’hui, cesse d’être une espèce d’être surnaturel, d’incarnation divine. Il redevient un homme comme un autre, avec ses forces mais aussi ses faiblesses.
La fonction papale en sort-elle diminuée ou dénuée d’une part de sa puissance ?
C’est un risque, certainement, mais qui pourrait être gommé par l’élection d’un successeur jeune, courageux et volontaire.
Si telle devait être l’issue du scrutin à venir, alors l’institution papale pourrait en sortir grandie et revivifiée car de l’histoire à venir du catholicisme seraient supprimées ces périodes de fin de règne, souvent synonymes d’immobilisme apparent et de manœuvres et bruits de couloir internes qui ne contribuent pas à faire avancer le catholicisme.